Soeur Dorothy Mae Stang «l'Ange de la Transamazonienne»

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religiosa estadounidense Dorothy Stang

L'Ange de l'Amazonie

Surnommée «l'Ange de la Transamazonienne», Soeur Dorothy Mae Stang, une religieuse américaine naturalisée brésilienne, a été assassinée le 12 février 2005, par deux "pistoleiros", dans l'État du Para. On l'a abattue avec neuf coups, dont trois fatals et symboliques. Une balle au cerveau, une autre au coeur et une troisième au ventre. Ils ont voulu éliminer sa pensée, ses sentiments et la capacité d'engendrer la vie, de cette petite femme, simple, humble et âgée. Son cerveau, son coeur et son ventre étaient une menace pour le modèle de développement économique implanté dans ce pays, surtout en Amazonie.

La police d'Altamira a formellement incriminé pour cet assassinat le "fazendeiro" (latifondiste) Amair Feijole da Cunha dit "Tato. Le témoignage de Sr Dorothy la place dans la longue liste des martyrs». Agée de 74 ans, militante de la Commission pastorale de la terre (CPT), elle avait été très active durant une vingtaine d'années avec les pauvres paysans de la région amazonienne du Para. La semaine précédente elle avait rencontré des responsables gouvernementaux pour les avertir des menaces de morts contre les paysans locaux, proférées par les entreprises forestières qui s'accaparent le bois et les gros propriétaires terriens.

La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), dans un message signé par le cardinal Geraldo Majella Agnelo, archevêque de Salvador da Bahia, a exprimé son "immense douleur face au brutal homicide de Sr Dorothy Stang, de la Congrégation des Soeurs de Notre Dame de Namur. Elle a été une nouvelle victime de la lutte des pauvres pour la terre, pour travailler et pour vivre, et de la lutte pour la préservation de l'environnement, dans laquelle beaucoup d'intérêts sont en jeu… Ce lâche assassinat a ramené à l'attention de tous, de manière tragique, la question de la violence dans les zones rurales et l'urgence de trouver des solutions aux antiques et graves divisions sociales».

A ceux qui lui suggéraient de s'éloigner d'Anapu, sa vie était menacée, Sr Dorothy répétait sans cesse: «Moi, je ne cours aucun risque, mais les paysans oui. Ils ont une famille à nourrir». Dans un hommage et un acte de solidarité fait par la CRB Régionale, le 20 août 2004, à Belém, Sr Dorothy, devant des Évêques et des religieux et religieuses y réunis, avait témoigné de sa foi et affirmé sa décision de résister jusqu'à la mort, si nécessaire, pour défendre les paysans.

La religieuse avait été proclamée le 10 décembre 2004, par l'association des avocats du Brésil (OAB) et les autorités de l'État du Para, "femme de l'année". La disparition de Sœur Dorothy est la "chronique d'une mort annoncée", a expliqué Mgr Jayme Chemello, président de la Commission épiscopale pour l'Amazonie, (CNEA). L'assassinat de soeur Dorothy Stang rappelle des temps que l'on pensait définitivement révolus: c'est le premier membre de la Commission pastorale de la terre éliminé depuis l'arrivée au pouvoir du président Lula (2002).

Source: http://afriquespoir.org