Prise de parole d’Annelien Boone, jeune belge en ouverture du pre synode
Introduction pré-synode
Introduction pré-synode
19 mars 2018
par Annelien Boone (Belgique)
1. Quelques faits en chiffres
Récemment, il y avait une étude sur la “génération Quoi” ? “Génération Quoi?” est un projet collaboratif entre 12 diffuseurs européens d’audiovisuel public et permet aux jeunes entre 18 et 34 ans de faire un autoportrait de leur génération. Plus d'un million de jeunes de 35 pays ont participé à cette étude. Des thèmes, des difficultés et des désirs que les jeunes Européens entre 18 et 34 ans éprouvent, sont précises dans l’étude. Je vous propose quelques thèmes qui vous donnent une idée des jeunes de l’Europe de l’Ouest aujourd’hui.
o Nos futurs
Une question examine quelles sont les perspectives des jeunes et des jeunes adultes. En général, les jeunes ont une vision plutôt positive de l'avenir. Presque deux tiers des jeunes GW (63,5%) ont un comportement plutôt positif vis-à-vis de l'avenir. Pourtant, l’étude démontre que les jeunes restent plutôt douteux au lieu d’être franchement positifs; seulement 6% semble être très optimiste quant à l'avenir. Néanmoins la même constatation vaut pour l'attitude pessimiste: moins de cinq pourcent semble être très pessimiste quant à l'avenir.
o Tolérance
Les jeunes de la génération Quoi? sont, en général, très tolérants. Egalement concernant la diversité culturelle, les jeunes sont très tolérants. 3 sur 4 voit l'immigration comme un enrichissement culturel. Beaucoup de jeunes de la génération Quoi? ont des amis d’une autre origine sociale ou éducative ou d’une orientation sexuelle différente. Toutefois, il n’y a que peu de jeunes qui ont des amis d’une autre religion, d’une autre contexte ethnique ou culturel.
o Devenir adolescent, des relations et la famille
Une majorité écrasante croit que le succès dans la vie est principalement déterminé par le sentiment d’être heureux, moins par le travail, l'argent ou la famille. Plus de 9 participants sur 10 indiquent que leurs parents les soutiennent dans leurs décisions et sont fiers d'eux. La majorité parle de ses relations avec leurs parents. Ils sont même des amis sur Facebook. Les jeunes de Génération Quoi ? ont clairement une très bonne relation avec leurs parents. La grande majorité a une image assez «traditionnelle» des relations et de l'amour: tout ce qui s'écarte de l’image idéale de la relation monogame ou ce qui menace cette image idéale est rejeté: l’infidélité, le flirt, les relations sans amour, ... L'interprétation traditionnelle de cette image idéale (se marier et avoir des enfants) n'est pas une chose évidente pour tous les jeunes. Les divorces sont entre-temps clairement un phénomène accepté.
o Confiance dans les institutions
Une autre question demande aux jeunes d’évaluer les institutions: “Combien de confiance avez-vous dans les institutions?” L’étude montre que les jeunes ont peu de confiance dans les institutions. C’est particulièrement le cas des institutions religieuses (49% dit qu’ils ne confient pas les institutions religieuses), ainsi que la politique, les médias, les syndicats, l’Europe et la justice. Par ailleurs, l’école et la police reçoivent une estimation de confiance un peu moins sévère. On ne trouve que l’armée et les organisations humanitaires comme des institutions dans lesquelles la majorité de jeunes font confiance.
o La religion
Lorsqu'on pose la question si les jeunes peuvent être heureux sans conviction religieuse, 94% répond oui. (Il y avait 657 205 participants dans 30 pays). Les relations, les enfants, l'amour, le sexe sont en tout cas beaucoup plus décisifs pour le bonheur des personnes interrogées que la conviction religieuse. En outre, une enquête belge démontre que moins de 2% de la population belge plus jeune de 34 ans participe à une célébration eucharistique plusieurs fois par mois.
o En un mot
Quand on demandait aux jeunes comment ils décriraient leur génération en un mot, les points suivants sont abordés: (En premier lieu) «Nous sommes la génération du futur», (puis) nous sommes la génération des changements, nous sommes la génération digitale ou la génération de l'Internet, les médias sociaux, Facebook. Ils mentionnent souvent : « Nous sommes la génération de l'incertitude ». En plus ils disent qu’ils sont la génération de la liberté.
2. Espoir pour l’Église dans une société laïque
Autrefois presque toutes les institutions en Belgique étaient catholiques (des hôpitaux, des écoles, ...). Le christianisme faisait partie de notre culture, nous remarquons aujourd’hui un processus accéléré qui a été présent pendant un certain temps, notamment celui de la laïcisation de notre société. Tous les thèmes qui ont été discutés dans le passé - l'amour, le bonheur, les relations, le travail, ... – font partie d’un débat publique, mais sans mentionner ou impliquer Dieu ou la dimension religieuse. On a appris à vivre et à être heureux sans Dieu. Les consultations récentes montrent que, pour la première fois, moins de la moitié des enfants en Belgique sont baptisés. En 2016, ça s’élevait à 45%. En 2009, c'était encore 58%.
"Les jeunes d'aujourd'hui ne grandissent plus avec l'Église. L'Église n'a plus l’ampleur qu'elle avait il y a un demi-siècle. Mais cela ne signifie pas qu'elle périt. Cela signifie seulement que sa position sociale a changé. Ce sera une église plus petite, mais elle sera authentique", le Cardinal De Kesel a dit récemment dans une interview. Le fait que les jeunes ne grandissent pas dans un contexte religieux offre de nouvelles opportunités. Les jeunes sont donc très ouverts sur la foi, ils la regardent avec un regard neuf et une grande réceptivité, simplement parce qu'ils en savent peu. Ce qui ne signifie pas qu'ils n'ont pas de préjugés à l'égard de l'Église, qui sont encore vivants dans notre société. Ils voient l'Église comme une autorité dépassée. Ce n'est que lorsqu'ils peuvent acquérir des expériences concrètes et positives dans l'église que cette image peut être ajustée. La foi de Dieu est étrange pour eux. Une jeune personne en Belgique a récemment déclaré: "l'inconnu est mal aimé, la foi est comme un cadeau déballé". Selon moi, la Belgique est une «société areligieuse pacifique»,[1] où la foi chrétienne est inconnue, mais où le défi consiste à faire découvrir quelque chose, à faire en sorte que la foi chrétienne puisse les surprendre!
C'est une opportunité pour l'Église, de pouvoir accompagner ces jeunes et les guider. Ces jeunes ont besoin d'un guide, qui leur sert comme boussole, pour les aider à choisir dans la profusion des choix auxquels les jeunes sont confrontés aujourd'hui. C’est en écoutant ces jeunes, en les accompagnant, en leur donnant des signaux directionnels, qu'ils peuvent avoir des expériences joyeuses, qu’ils peuvent rencontrer Christ. Une jeune personne a écrit récemment, à la suite d'un témoignage pendant le carême: “Quand j’étais enfant, je n'ai jamais jeûné. Je n'ai pas été élevé de manière religieuse. Mon intérêt pour la religion n'a fait que grandir après ma confirmation, lorsque j'ai rencontré le groupe pastoral des jeunes dans ma paroisse”.
“C'est pourquoi que c’est important de former des communautés chrétiennes vitales, où les jeunes peuvent aussi se sentir bienvenus. Nous traversons une période désertique. Mais les jeunes sont à la recherche, et notre société laïque les laisse sur leur faim. L'homme ne doit pas être nécessairement chrétien, mais c'est un être religieux. Les jeunes ne sont pas attirés par la vie de l’église, mais il y en a certainement des jeunes qui sont ouverts à la religion”, selon le Cardinal De Kesel.
Dans ce sens, je pense qu'il est important qu'il y ait des chrétiens qui témoignent de leurs foi et qui soient prêts à accompagner les jeunes et à les guider. Ces guides doivent être disponibles par example à l’école ou dans un mouvement de jeunesse et prêts à donner sens à la vie des jeunes. En plus, nous devons, plus qu'avant, miser sur ces jeunes qui découvrent la foi pour la première fois, sur les jeunes qui cherchent des expériences et des rencontres comme au mont Thabor.
Comme nous le lisons dans EG: “L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais «par attraction» (EG 14). Il est important que l'Église offre des expériences aux jeunes. “À l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, que donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive”.[2] Des expériences telles que les Journées Mondiales de la Jeunesse, les pèlerinages, des endroits comme Taizé, comme Lourdes, sont des «moments de conversion» pour de nombreux jeunes, parce qu'ils font l'expérience qu'ils ne sont pas seuls, qu'il y a Quelqu'un qui les accompagne.
[1] Biemmi Enzo, la seconde annonce. La grâce de recommencer, Lumen Vitae, Brussel, 2013
[2] Benoît XVI, Lett. enc. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 1 : AAS 98 (2006), pp. 217-218.