Élisabeth de la Trinité . « ÉVEILLÉE DANS L’AMOUR »

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Élisabeth Catez (1880-1906) a été canonisée en 2016. Lors de sa béatification, en 1984, saint Jean Paul II la proposait comme modèle aux jeunes du monde entier. Elle nous y invite à être « là, tout entier, tout éveillé en notre foi, tout adorant, tout livré à l’action créatrice » de Dieu

Le temps de l’enfance

La petite Élisabeth Catez est née le 18 juillet 1880, au camp militaire d’Avor, près de Bourges où son père est en garnison. Cette naissance est difficile et ses parents font célébrer une messe pour sauver son bébé. Cette première eucharistie offerte pour elle, oriente de manière mystérieuse toute sa vie. Elle est baptisée le jeudi 22 juillet, pour la fête de sainte Marie-Madeleine. Elle écrit le 21 juillet 1905 : « C’est demain la fête de sainte Madeleine, celle dont la Vérité a dit : “Elle a beaucoup aimé”, c’est aussi fête pour mon âme car je célèbre l’anniversaire de mon baptême ».

La famille s’installe à Dijon où naît sa sœur Marguerite. Le 2 octobre 1887, son Père, terrassé par une crise cardiaque, rend son dernier soupir dans ses bras. Élisabeth est une nature volcanique qui fait des colères « très diable ». Par amour de sa mère et par amour de Dieu, Élisabeth cherche à dominer son caractère ardent. La préparation à sa première communion contribue grandement à dompter sa farouche volonté. Elle reçoit le « Bien-Aimé de l’Eucharistie » le 19 avril 1891, à l’église Saint-Michel. La confirmation suivra, le 8 juin en l’église Notre Dame. Lors d’une visite au Carmel, la prieure Mère Marie de Jésus lui révèle que son nom signifie “maison de Dieu ”, cela lui ouvre des perspectives infinies…

 

L’adolescence

Sa mère l’inscrit au conservatoire de musique où elle obtiendra le 1er prix de piano le 25 juillet 1893. Elle mène dans le monde une vie tout ordinaire, participant aux soirées mondaines, faisant des visites, le catéchisme…

Dans ce tourbillon d’activité, Élisabeth reste centrée sur l’essentiel : « Il me semble que rien ne peut distraire de Lui, lorsqu’on n’agit que pour Lui, toujours en sa sainte présence, sous ce divin regard qui pénètre dans le plus intime de l’âme ; même au milieu du monde on peut l’écouter dans le silence d’un cœur qui ne veut être qu’à Lui ! ».

Elle désire entrer au Carmel, mais sa maman n’y consent pas. Ne pouvant être carmélite dans le cloître, elle l’est dans le monde, en vivant comme toutes ses amies, mais avec un grand secret, elle veut rayonner Dieu : « Pensez à moi dimanche soir, vous serez bien gentille, j’irai à ma soirée, […]. Demandez qu’il soit tellement en moi, qu’on le sente en s’approchant de sa pauvre petite fiancée et qu’on pense à Lui. Nous sommes ses hosties vivantes, ses petits ciboires que tout en nous Le reflète, que nous Le donnions aux âmes ». Durant la mission qui se déroule à Dijon, en 1899, Mme Catez donne enfin son consentement, y mettant toutefois une condition : attendre sa majorité.

 

Le Carmel

Elle entre au carmel de Dijon, le 2 août 1901. À sa prise d’habit, le 8 décembre elle reçoit le nom d’Élisabeth de la Trinité. Le 11 janvier 1903, elle prononce son engagement définitif. Elle évoque ce qu’est sa vie : « Je n’ai qu’à aimer [le Christ], qu’à me laisser aimer, et cela tout le temps, à travers toutes choses : s’éveiller dans l’Amour, se mouvoir dans l’Amour, s’endormir dans l’Amour ». Elle confie à une amie : « Vivons avec Dieu comme avec un ami, rendons notre foi vivante pour communier à Lui à travers tout, c’est ce qui fait les saints ».

Le 21 novembre 1904, elle rédige sa célèbre prière “Ô mon Dieu Trinité que j’adore”. Pour elle, la vie chrétienne consiste à vivre « sous les étreintes de la Trinité ». Elle écrit à sa sœur Guite : « Je te laisse ma dévotion pour les Trois, à l’“Amour”. Vis au-dedans, avec Eux dans le ciel de ton âme ; […] Crois toujours à l’Amour. »

En carême 1905, apparaissent les premiers symptômes de la maladie d’Addison qui allait l’emporter. Elle vit cette épreuve comme une grâce de conformité au “Bien-Aimé crucifié par amourˮ. Elle écrit : « chaque incident, chaque événement, chaque souffrance comme chaque joie est un sacrement qui lui donne Dieu » ; Fin mars 1906, Élisabeth est conduite à l’infirmerie. Entre répits et rechute, elle s’offre à l’amour ; Elle écrit à sa grande amie, Mme de Bobet : « Oh, marquez tout avec le sceau de l’amour! Il n’y a que cela qui demeure. […] Je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je vous le confie: c’est cette intimité avec Lui “au-dedansˮ qui a été le beau soleil irradiant ma vie, en faisant déjà comme un Ciel anticipé ».

Le 9 novembre, à 6 heures du matin, elle achève son parcours terrestre. Ses dernières paroles audibles sont : « Je vais à la lumière, à l’amour, à la vie. »

 

Dans une lettre, remise après sa mort à sa prieure, elle laisse cette ultime recommandation que nous pouvons faire nôtre : «Vous ne serez jamais banale si vous êtes éveillée dans l’amour ».

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Fr. Didier-Marie GOLAY, carme déchaux (Lisieux)