En RD-Congo, Thérèse Deshade Kapangala, « martyr du 21 janvier »

1/25/18
Print Mail Pdf

Thérèse Deshade Kapangala

Le 21 janvier à Kinsahsa, Thérèse Deshade Kapangala, jeune aspirante à la vie religieuse est morte criblée de balles lors d’une marche de laïcs contre le pouvoir. Elle tentait de sauver la vie d’une petite fille.

« Tu sais, Tonton, je serai une bienheureuse, une sainte. Thérèse me répétait souvent cette phrase », soupire le père Joseph Musubao. « C’est un martyr, martyr du 21 janvier ».

Le père Joseph Musubao, prêtre congolais vicaire dominical à la paroisse Saint-François de Sale de Kintambo, une commune du nord-ouest de Kinshasa, est l’oncle maternel de Thérèse Deshade Kapangala, jeune aspirante tuée dimanche 21 janvier, lors d’une marche de catholiques contre le pouvoir de Joseph Kabila.

« Il m’est impossible d’oublier cette journée d’horreur et de violence inouïes », répète-t-il.

A lire aussi <À Kinshasa, des prêtres racontent la marche contre Kabila

« Ma nièce a perdu la vie, en voulant sauver celle d’une fillette. »

Dimanche 21 janvier, le père Joseph Musubao, professeur de philosophie au grand séminaire de Kintambo accepte de présider la messe à la paroisse Saint-François de Sale où il est vicaire dominical. Le curé, le père Aimé Lusamu, menacé de mort depuis plusieurs jours, a été obligé de se faire discret tout au long de cette journée de manifestation pour préserver sa vie.

Thérèse Deshade décide de participer à la marche pour « veiller sur son oncle » car elle s’inquiète pour sa sécurité.

« Après la messe, j’ai décidé avec les prêtres présents, d’accompagner la marche des laïcs. Mais nous nous sommes heurtés dès notre sortie à une brutale répression, raconte le père Musubao. Nous sommes retournés dans la paroisse en prenant soin de fermer la grille. Mais cela n’a pas empêché aux forces de l’ordre de tirer à l’intérieur. Ma nièce a perdu la vie, en voulant sauver celle d’une fillette. »

Thérèse était connue pour son engagement dans sa paroisse. Membre de la chorale et de la Légion de Marie, elle aimait particulièrement réciter son rosaire à la grotte. « Elle regrettait même de ne s’appeler Marie ! » sourit le père Musubao.

Titulaire d’un diplôme d’État en haute couture, la jeune femme de 24 ans devait entrer au postulat chez les sœurs de la Sainte Famille.

« Elle comptait les jours qui la séparaient de l’entrée au couvent, témoigne encore son oncle. En apprenant la nouvelle de la mort de leur aspirante, les sœurs de la Sainte Famille étaient extrêmement peinées, elle était très appréciée là-bas ».

« Thérèse était notre petite maman »

Stanilas Kapangala, jeune frère de Thérèse, ne cache pas sa révolte. « C’est un martyr, elle est morte pour notre pays. Elle a été abattue alors qu’elle n’a commis aucun crime, dénonce-t-il. Elle est morte dans sa paroisse. C’était une personne douce, qui aimait s’occuper de tout dans la maison. C’était notre petite maman, restait toujours joyeuse », ajoute encore Stanislas.

À la révolte de la famille Kapangala, s’ajoute la douleur de ne pas avoir accès au corps de la jeune femme. « Son corps a été déposé à la morgue centrale de Kinshasa mais on ne nous laisse laisse pas le voir pour l’embaumer », dénoncent les membres de la famille. « Ils disent qu’ils mènent une enquête. Nous n’avons pas porté plainte, seul Dieu nous rendra justice. Nous voulons juste le corps de Thérèse ! »

 

Source: africa.la-croix.com - Lucie Sarr